« Dans les grandes crises, le coeur se brise ou se bronze ». Balzac
Je considĂšre que chaque crise est une opportunitĂ© pour l’organisation qui la traverse.
DĂ©finir ce qui relĂšve ou non de la communication de crise dĂ©pend principalement de lâampleur de la crise elle-mĂȘme.
Comme communicant de crise, je vois tous les jours des organisations publiques (Etats, Administrations, Hommes et Femmes politiques, …) ou privĂ©es (Entreprises, Associations, …) confrontĂ©es Ă des « problĂšmes ». C’est la vie naturelle des affaires. Tout problĂšme n’est pas une crise !
Les entreprises et leurs dirigeants doivent faire face Ă des faits ou situations qui ne finissent gĂ©nĂ©ralement pas dans le dĂ©bat public ou sur les plateaux de tĂ©lĂ©vision (en tant que crises de communication), mais qui pourraient avoir un impact sur la marque et la rĂ©putation dâune entreprise et donc sur sa valorisation. Un problĂšme peut gĂ©nĂ©ralement ĂȘtre gĂ©rĂ© Ă un niveau opĂ©rationnel et le plus souvent cela suffit pour le neutraliser.
Pour faire simple, nous considĂ©rerons dans ce billet qu’une crise de communication est une crise qui est devenue un problĂšme plus externe, ou public. Dans ce scĂ©nario, les enjeux sont plus importants pour lâentreprise et sa direction gĂ©nĂ©rale. La plupart des dirigeants d’entreprises ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă au moins une crise au cours de leur carriĂšre, mais gĂ©nĂ©ralement peu dâentre eux ont traversĂ© une crise dâampleur telle que celles que nous allons Ă©tudier ici.
Câest ce qui a failli se produire il y a quelques annĂ©es, quand nous avons reçu un appel Ă propos dâune catastrophe aĂ©rienne en Afrique. Lâaccident Ă©tait Ă©videmment tragique.
Il Ă©tait environ 13 heures, par une journĂ©e de mi-septembre, quand le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©. CâĂ©tait un client et ami de longue date ; il voulait nous prĂ©senter un homme, que nous appellerons Louis. Louis Ă©tait Ă la tĂȘte dâune compagnie aĂ©rienne, en Afrique.
Il Ă©tait luxembourgeois et, mĂȘme sâil sâefforçait de rester poli, on voyait bien quâil Ă©tait au bord de la crise de nerfs. Il y avait eu un accident le matin mĂȘme. La situation nâĂ©tait pas encore trĂšs claire, mais plusieurs dizaines de personnes Ă©taient mortes. Louis Ă©tait Ă Londres Ă ce moment-lĂ et il ne parvenait pas Ă obtenir toutes les informations nĂ©cessaires ni Ă comprendre ce quâil s’Ă©tait passĂ©. Il ne savait pas dans quel Ă©tat Ă©taient les passagers blessĂ©s et il ignorait le nom des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es. Tout ce quâil savait, Ă ce stade, câest quâil y avait eu un accident, que des passagers Ă©taient morts et que sept autres Ă©taient blessĂ©s. Il commençait Ă recevoir des appels de toutes parts.
Nous avons acceptĂ© de retrouver Louis Ă Cap Town le plus vite possible. Avant notre dĂ©part, nous avons publiĂ© une dĂ©claration prĂ©liminaire pour confirmer quâil y avait eu un accident grave. Aussi appelĂ© « statement », une dĂ©claration prĂ©liminaire, c’est un type de communiquĂ© de presse qui ne dit rien de neuf. Elle permet de gagner du temps en confirmant quâune information est exacte et en promettant plus dâinformations ultĂ©rieurement. Il fallait impĂ©rativement gagner du temps. La dĂ©claration Ă©tait organisĂ©e autour d’un mot pour les victimes et leurs familles, indiquait le nombre total de passagers, de morts et de blessĂ©s. Elle ajoutait que la compagnie aĂ©rienne faisait une enquĂȘte pour savoir ce quâil sâĂ©tait passĂ©, et que le propriĂ©taire de la compagnie se rendait sur les lieux afin de montrer la transparence, l’empathie et la mobilisation de l’organisation face Ă ce drame.
Enfin, elle promettait de communiquer plus dâinformations le lendemain en fin de journĂ©e. Ce nâĂ©tait pas lâidĂ©al, mais cela nous donnait le temps de rĂ©flĂ©chir. Nous avons passĂ© le vol vers Cap Town Ă dĂ©finir une stratĂ©gie pour Louis et Ă crĂ©er une longue liste de choses Ă faire.
En retrouvant Louis Ă notre descente dâavion, nous avons immĂ©diatement constatĂ© quâil Ă©tait en piĂštre Ă©tat. Il nâavait pas dormi et Ă©tait dĂ©semparĂ©. Son organisation semblait paralysĂ©e par le drame.
Pendant notre voyage, la nouvelle de lâaccident sâĂ©tait rĂ©pandue (ce qui Ă©tait prĂ©visible et que nous avions anticipĂ©) et les annulations tombaient en cascade. Personne ne voulait voyager Ă l’avenir avec une compagnie aĂ©rienne dont un avion venait de sâĂ©craser, sans quâon en connaisse les raisons. Nous savions que lâaccident aurait un impact Ă©conomique sur lâentreprise, mais nous ne nous attendions pas Ă son ampleur. La principale source de revenus de lâentreprise sâest assĂ©chĂ©e dâun coup. 80 % des rĂ©servations avaient Ă©tĂ© annulĂ©es, c’est dire Ă quel point l’impact Ă©conomique et commercial Ă©tait colossal. Les principaux tour-operators avaient soit suspendu, soit tout bonnement annulĂ© leurs rĂ©servations. Le siĂšge de la sociĂ©tĂ© Ă©tait inondĂ© dâappels de tour-operators, de clients, dâagences rĂšglementaires et de services dâĂtat Ă©trangers.
Au moment oĂč notre avion a atterri, la compagnie aĂ©rienne Ă©tait au bord de la faillite. Louis devait prendre la parole immĂ©diatement pour sâefforcer de reprendre le contrĂŽle de la situation.
Nous nous sommes rĂ©unis avec Louis et les reprĂ©sentants de lâentreprise pour leur poser des questions franches, abruptes, voire dĂ©sagrĂ©ables. Il est vite apparu que le pilote avait pris une mauvaise dĂ©cision face Ă une situation mĂ©tĂ©orologique inattendue. Ce nâĂ©tait pas un « accident malheureux ». Notre client Ă©tait responsable de cette tragĂ©die.
Maintenant, prenez le temps de vous mettre Ă la place de Louis. Vous ĂȘtes assailli dâappels de familles inquiĂštes pour leurs proches. Vos employĂ©s sont stressĂ©s et veulent pouvoir sâappuyer sur votre leadership. Vous ĂȘtes submergĂ© dâappels et votre nom, ainsi que celui de votre entreprise, font les gros titres. Vous venez dâapprendre que des personnes sont mortes par la faute de votre entreprise. Vous avez perdu cinq millions de dollars de recettes en lâespace de six heures. Votre entreprise risque de ne pas sâen relever.
Imaginez comment vous vous sentiriez. Câest une situation horrible. Vous nâavez le choix quâentre deux alternatives :
PremiĂšre option : relever le dĂ©fi. Vous acceptez simplement que les choses vont ĂȘtre difficiles pendant quelque temps, et vous vous mettez au travail.
DeuxiĂšme option : ne rien faire. Se cacher derriĂšre vos avocats qui dont des dĂ©clarations juridiques sans empathie. Ătre tĂ©tanisĂ© par la peur de dire ou faire ce quâil ne faut pas. Verrouiller les portes et ne pas rĂ©pondre aux appels des journalistes. Faire lâautruche. Ătre dans le dĂ©ni.
En fait, Ă mon sens, il nây a quâune option stratĂ©gique efficace : la premiĂšre. Donc, nous avons retroussĂ© nos manches et avons tout de suite pris un ensemble de dĂ©cisions importantes.
PremiĂšrement : prioriser les solutions et les publics ciblĂ©s. Ne pas laissez les mĂ©dias les vampiriser. Ils ne doivent pas monopoliser le temps, l’Ă©nergie et les ressources de mon client. Câest exactement lâutilitĂ© de diffuser une dĂ©claration prĂ©liminaire immĂ©diatement : elle vous « achĂšte » le temps de faire autre chose que traiter avec les mĂ©dias.
Nous avions dĂ©jĂ diffusĂ© une dĂ©claration prĂ©liminaire destinĂ©e aux mĂ©dias, sur la base de ce que nous savions Ă un instant « T ». Nous nous sommes ensuite tournĂ©s vers les familles des passagers affectĂ©s, et les agences de voyages qui avaient fait des rĂ©servations auprĂšs de la compagnie. Il fallait sauver lâentreprise.
Un numéro Vert, un site internet dédié, une cellule psychologique, etc avaient été mis en place entre temps.
Ă minuit, Louis disposait dâune liste de personnes Ă contacter en prioritĂ©. Il a alors mĂ©thodiquement envoyĂ© un e-mail personnel ou appelĂ© chaque personne sur cette liste. Le message Ă©tait le mĂȘme que dans notre dĂ©claration prĂ©liminaire et promettait de donner des informations supplĂ©mentaires le jour suivant. Cette communication Ă©tait personnalisĂ©e, individuelle, ce nâĂ©tait pas une communication en masse. Elle ne concernait que 50 personnes, mais ces 50 personnes Ă©taient importantes. Il Ă©tait essentiel de prendre en compte leurs inquiĂ©tudes et de leur montrer que nous ne restions pas les bras croisĂ©s.
DeuxiĂšmement : prendre les choses en main, en faisant preuve dâempathie. Le matin suivant, Louis disposait de plus dâinformations, mais ce nâĂ©tait pas suffisant pour envoyer un bulletin dâinformations. Nous avons donc pris une nouvelle dĂ©cision importante. Notre communiquĂ© suivant ne servirait pas Ă communiquer des faits, mais permettrait dâĂ©tablir quelque chose dâencore plus important Ă ce stade : un lien Ă©motionnel.
Au plus fort dâune crise, on peut ĂȘtre tentĂ© de sâen tenir uniquement aux faits. Les faits sont bien dĂ©finis. Les faits sont quelque chose que lâon peut connaitre, maitriser et communiquer. En pĂ©riode de stress, ils ont quelque chose de rassurant.
Mais une bonne communication de crise ne se résume pas à diffuser des informations.
Dans une situation aussi tendue, il fallait distiller lâempathie autant que possible. Louis devait remplacer la perception dâune « compagnie aĂ©rienne anonyme qui tue des passagers » par la version « nous sommes anĂ©antis par ce tragique accident ».
Nous avons accompagnĂ© Louis Ă concevoir une stratĂ©gie de communication basĂ©e sur la vĂ©ritĂ© et lâempathie : dire la vĂ©ritĂ©, aussi inconfortable soit-elle, tout en dĂ©montrant une intention rĂ©elle dâĂȘtre Ă lâĂ©coute des inquiĂ©tudes. Nous devions persuader notre auditoire que nous comprenions ce quâil ressentait et que nous savions quâil avait peur, quâil Ă©tait furieux et dĂ©semparĂ©. CâĂ©tait bien comprĂ©hensible, compte tenu de la situation.
Nous nous sommes efforcĂ©s de faire tout ce quâil fallait, avec autant de compassion que possible.
TroisiĂšmement : prendre ses responsabilitĂ©s. Lâavion sâĂ©tait Ă©crasĂ©. Et puisquâil appartenait Ă lâentreprise de Louis, la responsabilitĂ© lui en incombait. MĂȘme si lâerreur avait Ă©tĂ© faite par un sous-traitant, lâentreprise avait recrutĂ© ce sous-traitant.
Nous avons donc publiquement reconnu que lâentreprise Ă©tait responsable et nous avons prĂ©sentĂ© des excuses.
Face Ă cette crise, la plupart des avocats dĂ©conseilleraient dâadopter cette approche, et la probabilitĂ© de poursuites juridiques est forte. Mais câĂ©tait une dĂ©cision stratĂ©gique. Le rĂŽle du communicant de crise est ici de faire comprendre qu’il Ă©tait crucial que le grand public ne nous perçoive pas comme une compagnie anonyme mais comme une petite entreprise, dirigĂ©e par des gens comme vous et moi, humains et responsables. Si les risques de poursuites Ă©taient de toute façon Ă©levĂ©s, autant sâefforcer de limiter les dĂ©gĂąts.
QuatriĂšmement : moins, câest mieux. Nous avons dĂ©veloppĂ© les principaux messages, en Ă©nonçant les faits de maniĂšre claire, sans langue de bois. Nous avons reconnu les erreurs faites et avons prĂ©sentĂ© les actions mises en Ćuvre pour Ă©viter que de tels faits se reproduisent.
Sâexprimer de maniĂšre succincte prĂ©sente deux intĂ©rĂȘts. En gĂ©nĂ©ral, votre auditoire sâattend Ă ce que vous vous exprimiez en termes vagues, de maniĂšre confuse, pour Ă©viter de reconnaitre les vĂ©ritĂ©s qui vous gĂȘnent. Quand vous dites : « VoilĂ ce quâil sâest passĂ©, nous sommes horrifiĂ©s. VoilĂ ce que nous allons faire pour Ă©viter que cela se reproduise », le contraste entre ce Ă quoi les mĂ©dias, le grand public et mĂȘme les autoritĂ©s rĂšglementaires sâattendaient et votre dĂ©claration va frapper les consciences.
De plus, un message court est beaucoup plus facile Ă reprendre textuellement quâune dĂ©claration longue, compliquĂ©e et alambiquĂ©e.
CinquiĂšmement : soyez cohĂ©rent. Cette connexion sur le plan Ă©motionnel a sauvĂ© la compagnie. Le nombre de rĂ©servations est restĂ© Ă un niveau suffisant pour maintenir Ă flot lâentreprise. Louis est parvenu Ă apaiser les autoritĂ©s tout en faisant le maximum pour aider les familles des victimes. Nous avons payĂ© les factures dâhĂŽpital et les vols et lâhĂ©bergement sur place des familles. Nous avons organisĂ© des sĂ©ances dâaide psychologique pour le personnel de bord.
La compagnie a survécu un mois. Puis un autre mois. Et encore un autre.
SixiÚmement : soyez disponible. Les jours qui ont suivi ont été trÚs difficiles. Il y a eu des conversations éprouvantes avec les familles. Il y a eu des conversations inconfortables avec les autorités rÚglementaires. Les assureurs voulaient que Louis se taise et laisse leur équipe juridique gérer la situation. Nous avons dû participer à de nombreuses conférences téléphoniques pour expliquer ce que nous faisions.
Dans notre esprit, câĂ©tait trĂšs clair : lâentreprise Ă©tait en faute et la vĂ©ritĂ© ferait surface tĂŽt ou tard. Nous sommes parvenus Ă convaincre lâassureur de la pertinence de notre approche : essayons de limiter autant que possible les risques de poursuites, faisons ce qui est nĂ©cessaire et concentrons-nous sur lâavenir.
Et là , Louis a commencé à voir la fin du tunnel.
SeptiĂšmement : saisissez les opportunitĂ©s. Quelque chose dâintĂ©ressant sâest produit. Il sâest avĂ©rĂ© que les autres compagnies aĂ©riennes, les agences de voyages et mĂȘme des employĂ©s potentiels avaient Ă©tĂ© trĂšs impressionnĂ©s par la compassion et la transparence dont la compagnie avait fait preuve dans cette situation difficile. Ils avaient apprĂ©ciĂ© la maniĂšre dont la situation Ă©tait gĂ©rĂ©e. Ils ne connaissaient pas spĂ©cialement la compagnie aĂ©rienne avant lâaccident, mais maintenant ils savaient qui elle Ă©tait, et ils savaient aussi que les accidents, malheureusement, peuvent arriver. Nous avons alors prĂ©sentĂ© Ă notre client une stratĂ©gie pour non seulement continuer Ă rĂ©tablir la situation, mais aussi capitaliser sur lâopportunitĂ© cachĂ©e que celle-ci reprĂ©sentait.
Quelques annĂ©es plus tard, alors que nous arpentions les allĂ©es dâun salon professionnel de tourisme Ă Berlin, nous sommes tombĂ©s sur Louis. Rien Ă voir avec lâhomme pĂąle et tremblant que nous avions vu en Afrique. Il Ă©tait souriant. Son visage avait retrouvĂ© toutes ses couleurs. Nous avons partagĂ© un verre ensemble.
Bien entendu, nous lui avons demandĂ© comment allaient les affaires. Nous nous attendions Ă ce quâil nous rĂ©ponde quelque chose comme « ça va, nous nous en sommes sortis. Nos chiffres ne sont plus quâĂ 10 % en dessous de nos rĂ©sultats avant lâaccident », ce qui aurait Ă©tĂ© trĂšs satisfaisant aprĂšs avoir Ă©tĂ© au bord de la banqueroute.
Louis Ă©tait trĂšs satisfait.
Lâentreprise avait trouvĂ© un accord Ă lâamiable avec les familles des victimes, elle avait investi dans de nouveaux outils technologiques permettant de prĂ©venir de tels accidents, et ces innovations avaient Ă©tĂ© reprises et commentĂ©es dans plusieurs revues professionnelles. En dĂ©pit de lâaccident, la compagnie Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un leader de son secteur.
« En fait, nous sommes en croissance de 29 %. » Lâentreprise sâĂ©tait dĂ©veloppĂ©e prĂ©cisĂ©ment grĂące Ă la maniĂšre dont elle avait gĂ©rĂ© la crise. Ce nâest pas lâaccident, mais la gestion de lâaccident, qui la dĂ©finissait.
On saluait sa compassion. On lui faisait confiance. De nouveaux clients avaient signĂ© des contrats avec elle. Les autoritĂ©s rĂšglementaires lâavaient autorisĂ©e Ă inaugurer de nouvelles destinations. Elle venait juste dâenregistrer le plus fort chiffre de ventes mensuel de son histoire.
Elle avait touchĂ© le fond, mais elle Ă©tait remontĂ©e encore plus haut quâavant lâaccident. Lâascension, et non la chute, avait Ă©tĂ© vertigineuse. La compagnie avait su identifier, puis tirer profit, de lâopportunitĂ© prĂ©sentĂ©e par la crise. Elle avait ainsi protĂ©gĂ©, et mĂȘme accru, sa rĂ©putation.
Et si toute crise Ă©tait porteuse dâopportunitĂ© ? Et si toutes les crises pouvaient permettre de dĂ©velopper une entreprise ou dâamplifier sa rĂ©putation ? Et si toutes les crises pouvaient nous aider Ă accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures dâapprobation ou augmenter les chiffres de vente ? Et si on pouvait sâappuyer sur les crises pour lancer de nouveaux produits sur de nouveaux marchĂ©s ? Et si on pouvait capitaliser sur les crises pour augmenter les profits, plutĂŽt que se contenter dâun « retour Ă la normale » ?
Les consĂ©quences immĂ©diates sont nĂ©gatives, câest indĂ©niable. Mais au lieu dâentrainer la chute dâune organisation, et si les crises permettaient de passer Ă la vitesse supĂ©rieure ?
Ăa semble trop beau pour ĂȘtre vrai, mais notre exemple nâest pas un cas isolĂ©. Lâentreprise de Louis opĂšre dans le secteur de lâaviation, mais câest la mĂȘme chose, quel que soit votre domaine dâactivitĂ©. Vous pouvez bĂ©nĂ©ficier dâune crise.
En voici un autre exemple dont nous avons déjà parlé ensemble ici :
En 1982, trois personnes de la région de Chicago sont mortes aprÚs avoir ingéré du Tylenol, dans lequel un inconnu avait versé du cyanure. Cette année-là , la part de marché de Tylenol a plongé à 8 %.
Le fabricant, Johnson & Johnson, nâa pas tentĂ© de cacher les faits. Il a rĂ©agi de maniĂšre rapide, proactive et compatissante. Il a communiquĂ© de maniĂšre claire et a conçu de nouveaux packagings, bientĂŽt imitĂ©s par tous ses concurrents.
Au cours des annĂ©es 90 et jusque 2010, sa part de marchĂ© est remontĂ©e Ă 56 %. Câest une
impressionnante ascension.
Une crise bien gérée est une opportunité. Une crise mal gérée est une malédiction.
LâopportunitĂ© consiste prĂ©cisĂ©ment dans le fait que les gens parlent de vous forgeant ainsi votre rĂ©putation. Il peut sâagir de clients et employĂ©s existants, mais aussi de fournisseurs potentiels. De nouveaux interlocuteurs ou clients vont penser Ă vous, pour la premiĂšre fois depuis longtemps (Ă supposer quâils aient entendu parler de vous). Câest votre chance. Si vous savez la saisir, vous obtiendrez le succĂšs. Sinon, ce sera lâĂ©chec.
Le moyen le plus simple de trouver une opportunitĂ© dans une situation difficile est de prĂ©senter votre entreprise sous un visage humain, de ne pas taper sur les mĂ©dias, les journalistes ou les internautes, de faire preuve de transparence et dâendosser vos responsabilitĂ©s frontalement. Nâoubliez pas : les clients, les employĂ©s, les politiciens, le grand public et mĂȘme les investisseurs savent que tout le monde peut faire des erreurs. Mais la maniĂšre dont les erreurs sont gĂ©rĂ©es fait toute la diffĂ©rence. Est-ce que vous ĂȘtes crĂ©dible ? Est-ce quâon peut vous faire confiance ? Dans la plupart des cas, câest en cela que rĂ©side lâopportunitĂ© dâune situation de crise.
Votre carriĂšre sera-t-elle dĂ©finie par un simple retour Ă la normale, ou par quelque chose de plus ? Le retour Ă la normale est un peu comme un bain d’eau tiĂšde : ni chaud, ni froid, ni bon, ni mauvais. Vous pouvez faire mieux. Vous pouvez bĂ©nĂ©ficier dâune crise.
Quelques notions pour imposer votre version des faits face Ă la crise:
Quel que soit le problĂšme, utilisez cette liste dâinformations Ă obtenir afin dâimposer votre version des faits et Ă©viter dâĂȘtre perçu comme Ă©vasif.
RĂ©pondez Ă ces quatre principales questions :
- Quels sont les faits Ă©tablis ?
- Quâest-ce que nous ne savons pas, et Ă quelle(s) question(s) ne pouvons-nous pas rĂ©pondre ?
- Que faisons-nous actuellement pour résoudre le problÚme ?
- Quand aurons-nous plus dâinformations ?
Principales leçons à tirer pour bien communiquer face à la crise :
- Toute crise est une opportunité.
- Un plan de gestion de crise, sâil nâest pas adaptable et Ă©volutif, donne une fausse impression de sĂ©curitĂ©.
- Pour convaincre les gens, les faits ne suffisent pas.
- Faites preuve dâempathie et montrez votre cĂŽtĂ© humain.
Question Ă se poser : Si aujourdâhui votre entreprise Ă©tait touchĂ©e par une crise et que vous Ă©tiez inondĂ© dâappels des mĂ©dias, que feriez-vous en tout premier lieu ?