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L’environnement : un sujet de crises comme les autres ?

Faire face à la vague verte

Cinq septembre 2022, conférence de presse des dirigeants du PSG. Sur l’estrade, accoudés à une table, l’entraîneur Christophe Galtier et son joueur vedette, Kylian Mbappé, sont venus parler performance. Mais l’avant-veille, la SNCF a épinglé le club parisien pour son déplacement à Nantes en jet privé. Un trajet qui ne prendrait que deux heures en TGV. Sur ce sujet qui n’a rien à voir avec l’ordre du jour, un journaliste les interpelle : « Est-ce une question que vous vous posez ? En avez-vous parlé avec vos joueurs ? » Un instant de flottement. Kylian Mbappé échange un regard avec Christophe Galtier et soudain, s’esclaffe. Plus exactement, il s’écroule de rire, affalé sur la table. À son tour, Christophe Galtier réprime son hilarité pour finalement énoncer, sérieux comme un pape : « On en a parlé avec la société qui organise nos déplacements et on est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile ». Le ton, faussement neutre, est provocateur. « Et sur les jets privés, vous en pensez quoi ? », insiste le journaliste. « Oh, je n’en pense rien », élude le jeune joueur en quittant prestement la tribune. Peut-être a-t-il conscience d’avoir gaffé.

La salle reste pétrifiée d’étonnement. Des commentaires scandalisés commencent à inonder les réseaux sociaux. En dix secondes, Kylian Mbappé est passé d’idole à symbole de la désinvolture des nantis envers l’environnement. Il n’apparaît plus que comme un milliardaire cynique. Un jeune homme de 23 ans qui gagne la somme inimaginable de 200 millions d’euros par an tout en envoyant promener la planète. Une double faute qui devient immédiatement un dangereux risque réputationnel. L’échange révèle aussi un manque criant de préparation. Voici deux hommes qui, au lieu d’anticiper une question somme toute prévisible, en avaient sans doute parlé mais pour s’en moquer. Christophe Galtier a honnêtement rapporté leur bonne blague de la veille. Leur mépris du sujet a éclaté au grand jour. Erreur, car toute question doit être abordée avec sérieux, chacune ayant sa légitimité.

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Les deux hommes se sont laissé enfermer dans leurs certitudes, leur bulle de biais cognitifs. Il se sont confortés l’un l’autre sur l’idée qu’ils pouvaient balayer d’un revers de main les critiques sur leurs vols en jet.

Nous, public, avons l’impression d’entr’apercevoir la vie des stars du foot et son vertigineux éloignement, comme on soulèverait le rideau qui sépare le touriste lambda de la Business Class. Par définition, seul un conseil extérieur permet de prendre conscience de sa déconnexion. Voici pourquoi, en période de crise, une personne hors du cercle habituel du dirigeant peut voir plus clair que lui. Certains faux-pas sont indélébiles, ou du moins collent à la peau. Un communicant aura fort à faire pour faire oublier les éclats de rire de Mbappé. Habile, la SNCF rebondit sur le scandale en plaisantant sur ses chars à voile… Les gaffes des uns font toujours le bonheur des autres.

La question environnementale est non seulement devenue incontournable dans tous les secteurs, mais elle se mêle à une remise en cause sociale. Le déni climatique est associé à la richesse, à la recherche du profit, aux mécaniques capitalistes. Donc toute entreprise est suspecte. Une partie de la jeunesse considère l’entreprise comme le pivot d’un système qui sacrifie la planète et leur avenir. Même des valeurs jusqu’ici préservées sont éclaboussées, ou utilisées par des militants, comme ces tableaux de maîtres aspergés de sauce tomate. Face à cette méfiance, les entreprises doivent redoubler d’efforts de communication pour prouver leur respect du climat et plus globalement de l’impact social et sociétal de leur activité.

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